OL-RCS, côté tribunes

Rendez-vous avec l'histoire
L'idée trottait dans la tête de pas mal de supporteurs depuis quelques matchs mais c'est réellement au retour de Nancy que tout s'était décidé. Cette fois-ci pas question de prendre la voiture, c'est bel et bien en train que nous décidons de rallier la cité des Gones.
Le jour J arrive et au départ de la gare de Strasbourg nous ne sommes pas les seuls à avoir cette idée saugrenue de traverser la moitié de l'hexagone pour un match de foot. Un simple match de foot ? Évidemment que non, car ce soir le Racing peut être champion de France.
Nous sympathisons rapidement autour de quelques spécialités alsaciennes avec d'autres fans du RCS et nous nous donnons Rendez-vous en tribune. L'aller sera l'occasion de répéter les quelques chants en l'honneur de l'équipe et évidemment de Gilbert Gress. L'après-midi passe rapidement sur la place Bellecour, à l'ombre de la queue du cheval de Louis XIV. Tandis que nous dégustons de fraîches bières alsaciennes, achetées en ville (ils vendent aussi la Kronenboug à Lyon, incroyable !), nous croisons un nombre incalculable d'Alsaciens.
Combien serons nous ce soir derrière les Bleus ? Mille, deux mille, cinq mille ou même plus ?!

Gerland entre vert et bleu !
Nous arrivons tôt au stade pour être sûr d'avoir les meilleures places puis nous prenons rapidement place au milieu de supporteurs lyonnais médusés par notre engouement à effectuer autant de kilomètres pour voir jouer notre équipe. Ils ne peuvent pas comprendre ce que c'est d'être à quelques heures d'un titre de champion de France.
Le stade se remplit et d'autres alsaciens nous rejoignent. Étrangement certains spectateurs semblent aussi perdus que nous, en discutant avec nos voisins lyonnais nous apprenons que les Stéphanois sont venus en nombre faire le court déplacement à Lyon. Ils caressent le fol espoir de voir le Racing chuter pendant que les Verts l'emporteraient à Bastia. Une rumeur parcourant les travées annonce même une double prime pour les joueurs de l'OL en cas de victoire... payée par l'ASSE.
Nous commençons alors à chanter ! Rapidement nos voisins se joignent à nous. Un drapeau, un maillot ou une simple casquette bleue sont nos signes de ralliement : Jetzt Geht's los, les Alsaciens sont là.

90 minutes pour l'éternité / comme dans un rêve bleu ?
Le match débute et le temps semble être suspendu autour de nous. Certains tentent de tromper la peur en chantant, d'autres se tiennent nerveusement la tête incapables de regarder le match. Pourtant au fond de nous, la victoire ne fait aucun doute. « Le Racing ne peut pas perdre le titre ce soir » comme l'a prophétisé ce supporteur extravagant croisé l'après-midi... pourtant en route vers la basilique de Fourvière pour y allumer un cierge.
Heureusement Wagner ouvre le score après 73 ans d'attente ou plutôt 20 minutes de jeu, nous pouvons laisser exploser notre joie. Les fans alsaciens ont à peine fini de se congratuler que le natif de Drusenheim (c'est ce que nous répètera tout le match ce petit supporteur du RCS venu visiblement du même village) double la mise.
Les drapeaux et autre ustensiles sont alors de sortis pour une célébration qui durera bien jusqu'à la mi-temps.
A peine le temps de se restaurer (certains n'arrêteront pas de chanter même en allant chercher leurs casse-croûte à la buvette !) que c'est reparti pour la seconde mi-temps. Cette dernière passe si vite que c'est à peine si nous avons le temps de fêter le troisième but avant que l'arbitre siffle la fin du match.

Champion de France !
Ils l'ont fait. Voilà la première pensée qui doit traverser l'esprit de l'ensemble des supporteurs bleus et blancs à cette minute précise. La seconde est pour moi tournée vers le terrain. Nous voulons participer à la fête et célébrer avec les héros ce titre qui appartient à tous les Alsaciens. Nous sommes donc nombreux à nous ruer vers le rectangle vert, espérant peut-être s'assurer que nous ne vivons pas un rêve. J'arrive à me frayer un chemin vers les joueurs qui sont déjà entourés de journalistes, au loin Gilbert Gress donne une conférence de presse improvisée et sûrement une leçon de football à la France entière. Joël Tanter nous fait signe de la main et semble nous demander si nous n'avons pas de quoi le désaltérer.
Les joueurs rentrent ensuite aux vestiaires en nous applaudissant en réponse à nos applaudissements qui doivent plus ressembler à des hurlements primaires.
Le stade se vide peu à peu et il nous est demandé de quitter la pelouse. Un supporteur particulièrement fétichiste emporte discrètement un morceau de pelouse. La fête se poursuit encore de longues minutes dans les coursives et sur le parvis devant le stade.
Puis, après notre sortie du stade, nous sommes tous déboussolés. Les supporteurs venus en voiture repartent déjà pour notre chère Alsace et nous entendons les klaxons s'éloigner. Notre groupe a dans l'euphorie oublié le train de nuit qui devait nous ramener à la maison. Tant pis, nous décidons de célébrer le titre à Lyon au centre ville, dans le premier bouchon qui nous accueillera.
Le lendemain matin, fatigués mais heureux, nous rallions Strasbourg championne de France.